Yvon BOBINET et les Anaglyphes

12 février > 12 mars

Le travail présenté à La Glacière par Yvon Bobinet représente son regard sur le monde exprimé à partir d’un dispositif global mettant en scène la maquette d’une « vraie-fausse carte », sept représentations stéréoscopiques de « fausses-vraies cartes » sous forme de photographies anaglyphiques, d’une vidéo créée à partir de ces dernières et de stéréogrammes et d’autres représentations. Tous ces éléments s’éclairant les uns les autres.

Aux yeux d’Yvon, toute carte a quelque chose de fascinant dans son aspect et dans ce qu’elle raconte. Son esthétique très codée fait qu’on la reconnait au premier coup d’œil et qu’on peut ainsi la classer immédiatement : carte géographique, carte météo, carte historique, routière…

En fait, dès le début, la carte est un acte de pouvoir. C’est la volonté de faire entrer la Nature et tout ce qui s’y trouve (y compris l’humain) dans son périmètre d’influence, dans son territoire. Yvon trace symboliquement un trait pour signifier une limite, d’abord dans le sable, puis sur papier, enfin par image satellite. Etapes successives de la possession.

La carte n’est pas «réaliste». Elle décrit une situation plus fantasmée que réelle. On a parlé à une certaine époque de « Géographie Enchantée ». C’est-à-dire d’une géographie qui dit du monde non ce qu’il serait mais comment on le vit.

Il pourrais parler de géographie désenchantée tant la situation lui paraît alarmante.

Yvon a donc reconstruit cet instrument savant, cet outil de pouvoir en espace irréel et personnel. Volontairement irréel et perçu comme tel. Les cartes sont détournées de leur mission première et même la façon de les appréhender (la stéréoscopie) les éloigne un peu plus de la « réalité objective », si cela a encore un sens.

Evidemment, cette vision du Monde n’est pas un doux rêve. Le désenchantement est sans doute à la hauteur des promesses. Mais les promesses n’engageraient que celui qui les reçoit, a-t-il entendu dire. Quel cynisme !

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